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La poche
Au bord du temps, un layon s'est perdu
Sous la robe rousse d'un baliveau.
La sente agrippe un jour suspendu
Aux nuages noirs flânant tout là-haut.
J'ai glissé dans ma poche
Un morceau de ficelle
Et mon air de gavroche
Accroché aux semelles
De mes vieilles galoches,
Attache un bout du ciel.
Au-dessus du fil à l'éther volatile
Le vent tourmente le dessin des nues
Faisant frissonner la quête inutile
Du chemin obscur au tracé ténu.
Au creux de l'escarcelle
Quelques jolis cailloux
Escortent la ficelle
Au fond du fourre-tout
Et le fil ensorcèle
Chaque pas dans la boue.
Au bord du temps, un layon s'évapore
Sous un marécage à l'odeur terreuse.
Jusqu'au seuil du rêve il prend son essor
En s'égarant dans des eaux paresseuses.
J'ai glissé sous la roche
Un morceau du chemin
Et mon air de gavroche
Joue au petit malin
Quand au fond de la poche
Le monde est dans mes mains.
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Va ouvrir !
Brouillard matinal
Où les lumières t’éclaboussent,
Couleur pourpre orangé
Qui éclaire ta journée,
Caresses légères de ce vent
Qui tout en douceur
Sur la joue te dépose sa bise,
Soleil indolent
Sous un ciel encore azuré.
Que l’on aimerait figer ce temps
Pour s’y poser un instant !
Ne sens-tu cette odeur
D’humus et de champignon,
Et cette fraîcheur humide
Qui dans ta chair te saisit
D’une profonde mélancolie ?
Ne vois-tu ces arbres
Qui changent de robe
D’un dégradé flamboyant de jaune, de rouge et de brun
Et qui petit à petit se déshabillent
Sans que la sève en toi ne monte ?
N’entends-tu ces feuilles jaunies
Froissées sous tes pas sourds,
Et ces branches mortes,
Bientôt sans vie,
Craquant leurs derniers soupirs ?
C’est l’automne
Qui à ta porte sonne.
Va vite lui ouvrir !
Car il t’apporte des noix
Et quelques pommes acides
A savourer entre amis,
Le soir, au coin du feu
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Le chat errant
Le chat s'arrête et me regarde
De son oeil froid d'indifférent,
Sur moi un instant se hasarde
Comme pour juger de mon rang,
Et puis repart, considérant
Rien qui ne vaille qu'il s'attarde...
Quoi de plus fier qu'un chat errant
Né de quelque race bâtarde ?
Non, mais pour qui donc il se prend ?
A-t-il un persan pour parent,
Lui qu'on voit souvent qui chaparde ?
Mais à mon coeur, c'est un tyran :
Par sa prunelle, à la hussarde,
Il le désarme et il se rend.
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A ma belle lectrice
Oh ! Votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
Suivant les passions et les rythmes divers,
Puis, s'échappant soudain légère et cadencée,
Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !
Moi - j'écoutais - perdu dans de lointains concerts,
Ma pauvre poésie à vos lèvres bercée :
Heureux de voir glisser mon âme et ma pensée
Dans votre souffle ardent qui remuait les airs !
Et j'oubliai bientôt - pardonnez mon délire -
Paulus et Mélaenis, Commodus et l'empire,
Pour regarder les plis de votre vêtement,
Votre front doux et fier, votre prunelle noire,
Songeant que j'étais fou de réveiller l'histoire,
Quand j'avais sous les yeux un poème charmant !
Février 1852.
Dernières chansons
Ecrit par Louis BOUILHET
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Encore un automne
.
J’écoute le jour
Et chuter les feuilles
Au sol de la cour
L’oiseau se recueille
A-t-il le coeur lourd
.
La navette à aubes
Remonte en fumant
Tout autour du globe
Le fil du courant
Qu’un reflet enrobe
.
Passez jours saisons
Ma vieille demeure
Est de ces prisons
Où des spectres meurent
De subtils poisons
.
Lys rose ou poème
Quoi qu’on pût offrir
La belle que j’aime
Ne sait que souffrir
Et son mal essaime
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