-
-
Et puis ...S .Reggiani
Et puis...
Et j'allais dire déjà
L'enfance se fait lointaine
Comme un pays d'où l'on s'en va
Je ne vois plus qu'à peine
Le rivage
Mon amour, mon amour
Avec toi j'appareille alors
Pour autre part, our autre chose, à bord
De ma quarantaine
Et je t'emmène
Là-bas dans une image
Je t'aime
Toi qui ne seras jamais
Une grande personne
Ne me quitte jamais
Je t'aime
Et puis...
Comme on va en province
Quand on aura fait la vie
Nous irons à la soixantaine
Dans la maison que j'aime
En Provence
Mon amour, mon amour
Nous aurons fait l'amour et puis
D'autres garçons bien avant les vieux jours
Et les vieilles nuits
Si tu es sage
Tu auras des images
Je t'aime
Toi qui ne seras jamais
Une grande personne
Ne me quitte jamais
Je t'aime
Et puis...
Mais ce n'est pas demain
Il faudra que le soir vienne
Je m'en irai sur le chemin
Où nous attend la chienne
Un par un
Mon amour, mon amour
Quand je serai dans les nuages
C'est autre part, c'est autre chose, encore
Mais sans toi, tu sais
Je serai seul
Là-bas dans l'autre image
Je t'aime
Moi qui ne serai jamais
Une grande personne
Ne me quitte jamais
Je t'aime...
votre commentaire -
Toujours dans mon jardin
sur mon forum
D'Ombre et Lumière
Y a -t-il quelqu'un ?
S.Reggiani
J'ai rencontré beaucoup de monde
Parlé avec des tas de gens
J'ai cherché pendant mes nuits les plus longues
Ce qui fait courir Pierre, Paul, Jacques et Jean
J'ai vu des cons de première classe
Des âmes damnées, des culs-bénits
En roulant un peu partout ma carcasse
J'ai même croisé de soi-disant génies
Mais je n'ai jamais vu dans ma ronde
Mahomet, Bouddha ou Jésus-Christ
Ni le zéro, ni l'infini
Moi je marche à tâtons dans un trou noir
Y a-t-il quelqu'un... dans ce foutoir?
C'était râpé dès la Genèse
Trop peu de cur et trop d'esprit
Dès le départ il y a comme un malaise
Un jour ou l'autre nous en paierons le prix
Depuis l'erreur fondamentale
Qu'on ne peut pas nous reprocher
Dans les églises Dieu s'est fait la malle
En nous laissant le coq sur le clocher
Picasso qui a peint la colombe
N'a jamais croisé le Saint-Esprit
Ni le zéro, ni l'infini
Moi je marche à tâtons dans un trou noir
Y a-t-il quelqu'un... dans ce foutoir?
Inquisiteurs ou intégristes
On nous a dégoûtés de Dieu
Pourtant ça s'rait pas bête qu'il existe
On aurait du plaisir à devenir vieux
Pour s'approcher du grand mystère
Du grand portail derrière lequel
Se tient celui qui a lâché la terre
Et qui espère garder sa place au ciel!
A ma mort, si je persiste à vivre
Moi j'entends déjà le premier cri
Que je lancerai à l'infini
En guettant un écho aléatoire
Y a-t-il quelqu'un... dans ce foutoir?
votre commentaire -
Soir d'été
Le soleil brûlait l'ombre, et la terre altérée
Au crépuscule errant demandait un peu d'eau ;
Chaque fleur de sa tête inclinait le fardeau
Sur la montagne encor dorée.
Tandis que l'astre en feu descend et va s'asseoir
Au fond de sa rouge lumière,
Dans les arbres mouvants frissonne la prière,
Et dans les nids : "Bonsoir ! Bonsoir !"
Pas une aile à l'azur ne demande à s'étendre,
Pas un enfant ne rôde aux vergers obscurcis,
Et dans tout ce grand calme et ces tons adoucis
Le moucheron pourrait s'entendre.
Marceline Desbordes-Valmore
votre commentaire